Quand les aspirations font place à l’indécision : effet sur la persévérance aux études supérieures au Canada
Auteurs: Canisius Kamanzi et France Picard
Rédacteurs: Gérard Boudesseul, Thomas Couppié, Cécile Détang-Dessendre, Roméo Fontaine, Jean-François Giret, Christine Guégnard, Philippe Lemistre, Patrick Mayen, Séverine Millotte, et Patrick Werquin
Aperçu
Résumé (français)
Problématique et objectifs de l’étude L’indécision scolaire, c’est l’incapacité de choisir alors que l’élève ou l’étudiant est confronté à un choix imminent (Forner, 2007). Chickering et Reisser (1993) ont étudié l’indécision sous l’angle d’un vecteur de développement psychosocial – le développement des buts – typique chez le jeune adulte. Selon ces auteurs, le développement des buts renvoie au passage d’un état marqué soit par l’indécision scolaire et professionnelle, la manifestation d’intérêts multiples, désordonnés et non fondés, soit par l’absence d’engagement dans une cause, vers la clarté du choix professionnel, l’engagement dans des activités délimitées, soutenues et gratifiantes ainsi qu’envers les membres de son réseau social. Dans le contexte des politiques publiques nord-américaines et européennes, où l’accent est de plus en plus accordé à la persévérance et à la réussite des études dans l’enseignement supérieur, les administrateurs ainsi que les intervenants au niveau collégial ou universitaire sont intéressés à mieux connaître dans quelle mesure l’indécision quant au projet d’études ou de carrière influe sur la persévérance et la réussite des études. Divers travaux ont permis de cerner le lien entre ces deux phénomènes. En Belgique, Neuville et Frenay (2012) ont montré que la certitude par rapport au choix d’un programme d’études universitaires de niveau baccalauréat est significativement liée à l’intention de persévérer, à la perception de ses propres compétences universitaires, ainsi qu’à la valeur accordée à sa formation universitaire. En France, Forner (2000) a observé une corrélation négative entre la réussite d’études universitaires au premier semestre et l’indécision scolaire, soit celle qui concerne le choix du programme d’études. Aux États-Unis, American College Testing (2009) a souligné la relation significative entre la performance scolaire au collégial et la certitude quant au choix de profession ainsi que le succès en début de carrière. Graunke et Woosley (2005) ont montré que la certitude dans le choix du programme d’études était un bon prédicteur de la performance universitaire en deuxième année. Lent, Brown et Hackett (1994; 2000) ont constaté une corrélation positive, mais faible entre les buts et la performance scolaire. À l’inverse, Taylor (1982) a constaté une corrélation négative, mais significative entre l’indécision et les habiletés scolaires. Dans une étude longitudinale, Rose et Elton (1971) ont trouvé des différences statistiquement significatives entre deux groupes d’indécis (les persévérants et les décrocheurs) : les indécis ayant abandonné les études ont enregistré des performances universitaires plus faibles que les indécis ayant persévéré. Parallèlement, les études sont loin d’être concluantes sur la stabilité ou l’instabilité des aspirations scolaires des jeunes. Selon la recension des écrits faite par Marcoux-Moisan et al. (2010), trois tendances se dégagent des travaux sur cette question. La première soutient que les aspirations scolaires exprimées en début de l’adolescence sont relativement stables et permettent, du coup, de prédire les aspirations subséquentes (Helwig, 2003, 2008). La deuxième tendance s’oppose à la première, appuyant ainsi l’hypothèse selon laquelle les aspirations scolaires fluctuent dans le temps, soit à la hausse ou à la baisse (Trusty & Colvin Harris, 1999; Rindfuss, Cooksey & Sutterlin, 1999). La troisième tendance a trait à la théorie du compromis soutenue par Gottfredson (1996) selon laquelle la stabilité ou l’instabilité des aspirations dépendent de la représentation que se fait l’individu de la faisabilité de son projet scolaire. Celui-ci est donc constamment amené à confronter l’idéal et la réalité et à réajuster à la hausse ou à la baisse son projet. Dès lors, il y a lieu de se demander dans quelle mesure les aspirations scolaires permettent de prédire la réussite aux études supérieures selon qu’elles sont clairement définies ou non avant la fin des études secondaires. La présente étude s’intéresse particulièrement à la persévérance des élèves indécis qui, à la fin du secondaire, décident de poursuivre les études supérieures dans un collège ou une université. Dans cette perspective, la présente étude vise trois objectifs: 1) examiner la prévalence de l’indécision à une étape où les élèves ou les étudiants sont en situation de devoir choisir un programme d’études ou une carrière, 2) analyser dans quelle mesure l’indécision ou, au contraire, les aspirations scolaires bien définies sont en lien avec l’abandon des études ou la persévérance à un moment ultérieur du parcours scolaire, 3) comparer la situation entre les études collégiales et les études universitaires.
Résumé (anglais)
Translation by Google: Problem and objectives of the study Indecision in school is the inability to choose while the student or student is faced with an imminent choice (Forner, 2007). Chickering and Reisser (1993) studied indecision in terms of a vector of psychosocial development – the development of goals – typical in young adults. According to these authors, the development of goals refers to the transition from a state marked either by academic and professional indecision, the manifestation of multiple interests, disordered and unfounded, or by the absence of commitment to a cause, to the clarity of the professional choice, the commitment in delimited, supported and gratifying activities as well as to the members of its social network. In the context of North American and European public policy, where there is a growing emphasis on perseverance and success in higher education, administrators and college and university stakeholders are to better know to what extent indecision as to the project of studies or career influences the perseverance and the success of the studies. Various works have identified the link between these two phenomena. In Belgium, Neuville and Frenay (2012) showed that the certainty of choosing a university degree program is significantly related to the intention to persevere, to the perception of one’s own academic skills, as well as ‘the value given to his university education. In France, Forner (2000) found a negative correlation between university success in the first semester and academic indecision, that is, the choice of curriculum. In the United States, American College Testing (2009) highlighted the significant relationship between college-level academic performance and certainty of choice of profession and early career success. Graunke and Woosley (2005) showed that certainty in the choice of curriculum was a good predictor of second year university performance. Lent, Brown and Hackett (1994, 2000) found a positive but weak correlation between goals and school performance. In contrast, Taylor (1982) found a negative, but significant, correlation between indecision and academic ability. In a longitudinal study, Rose and Elton (1971) found statistically significant differences between two groups of undecided (long-term continuers and dropouts): Undecided dropouts had lower academic performance than undecided indecisers. At the same time, studies are far from conclusive on the stability or instability of the educational aspirations of young people. According to the literature review done by Marcoux-Moisan et al. (2010), three trends emerge from work on this issue. The first argues that the educational aspirations expressed in early adolescence are relatively stable and, as a result, predict subsequent aspirations (Helwig, 2003, 2008). The second trend opposes the first, supporting the hypothesis that educational aspirations fluctuate over time, either upward or downward (Trusty & Colvin Harris, 1999, Rindfuss, Cooksey & Sutterlin, 1999). The third trend relates to the compromise theory supported by Gottfredson (1996) according to which stability or instability of aspirations depends on the individual’s representation of the feasibility of his school project. He is therefore constantly confronted with the ideal and the reality and readjusting his project upwards or downwards. Therefore, it is questionable to what extent academic aspirations can predict success in higher education, depending on whether or not they are clearly defined before high school graduation. This study focuses on the perseverance of undecided students who, at the end of high school, decide to pursue higher education at a college or university. In this perspective, the present study has three objectives: 1) to examine the prevalence of indecision at a stage where pupils or students are in a situation of having to choose a program of study or a career, 2) to analyze to what extent indecision or, on the contrary, well-defined academic aspirations are linked to dropping out of school or persisting at a later stage of schooling, 3) comparing the situation between college and university studies.
Détails
Type | Chapitre de livre |
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Auteur | Canisius Kamanzi et France Picard |
Rédacteur | Gérard Boudesseul, Thomas Couppié, Cécile Détang-Dessendre, Roméo Fontaine, Jean-François Giret, Christine Guégnard, Philippe Lemistre, Patrick Mayen, Séverine Millotte, et Patrick Werquin |
Année de pulication | 2014 |
Titre de livre | Réussite scolaire, réussite professionnel, l'apport des données longitudinales. XXIème journées d'études longitudinales dans l'analyse du marché du travail |
Titre du chapitre | Quand les aspirations font place à l’indécision : effet sur la persévérance aux études supérieures au Canada |
Pages | 175-183 |
Ville | Marseille, FR |
Établissement | Centre d'études et de recherches sur les qualifications (CEREQ) |
Langue de publication | Français |
- Canisius Kamanzi
- Canisius Kamanzi et France Picard
- Quand les aspirations font place à l’indécision : effet sur la persévérance aux études supérieures au Canada
- 2014
- Réussite scolaire, réussite professionnel, l'apport des données longitudinales. XXIème journées d'études longitudinales dans l'analyse du marché du travail
- Gérard Boudesseul, Thomas Couppié, Cécile Détang-Dessendre, Roméo Fontaine, Jean-François Giret, Christine Guégnard, Philippe Lemistre, Patrick Mayen, Séverine Millotte, et Patrick Werquin
- 175-183
- Marseille, FR