Essais sur l’épargne et la littératie financière des ménages au Canada
Authors: Thomas Lalime
Overview
Abstract (English)
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Abstract (French)
Du point de vue microéconomique, la littérature récente sur les modèles de cycle de vie relate que certains ménages n’épargnent pas suffisamment durant leur période de travail et ne préparent pas adéquatement leur retraite. Cette thèse explore cet angle des inégalités de richesse et du manque de préparation à la retraite de certains ménages. Dans un contexte où la responsabilité de la préparation à la retraite repose de plus en plus sur les ménages, il s’avère primordial de comprendre les déterminants de l’épargne et du manque de préparation à la retraite. La thèse est composée de quatre chapitres. Le premier chapitre fait une revue de littérature sur l’épargne et la littératie financière des ménages dans le but de jeter un regard nouveau sur les inégalités de richesse des ménages et le rôle joué par l’éducation, plus spécifiquement la sophistication financière ou littératie financière, dans ces inégalités. Nous mentionnons également les articles qui soulignent l’importance des différences socio-démographiques, de l’incertitude sur le revenu, du risque de longévité et des programmes sociaux sur l’épargne et la consommation des ménages. Le deuxième chapitre présente le premier article intitulé “Littératie financière et préparation à la retraite au Québec et dans le reste du Canada”. Dans cet article, nous analysons, en utilisant des données de l’Enquête canadienne sur les capacités financières, les différences de préparation à la retraite, d’épargne et de littératie financière entre le Québec et le reste du Canada. Nos résultats suggèrent que le Québec tire de l’arrière par rapport au reste du Canada à ces trois chapitres. Nous analysons la possibilité que ces différences soient expliquées par des différences socioéconomiques et des spécificités institutionnelles telles que la prépondérance des régimes de retraite d’employeur à prestations déterminées au Québec. Le troisième chapitre ou le deuxième article analyse, en utilisant les données de l’Enquête sur la sécurité financière (2005 et 2012), l’impact du taux marginal de taxation effectif sur la fraction de l’épargne financière investie dans le Compte d’épargne libre d’impôt (CELI) et le Régime enregistré d’épargne-retraite (REER). Les résultats indiquent que le taux marginal de taxation effectif pendant la période de travail (ou courant) n’a pas d’effet statistiquement significatif sur la probabilité d’avoir un CELI ou un REER quand nous contrôlons pour le revenu avant impôt, les effets fixes province et les variables socio-démographiques. Il n’y a pas d’effets statistiquement significatifs du taux marginal de taxation effectif courant sur la part investie dans le CELI ou le REER quand les variables de contrôle sont utilisées. Cependant, une augmentation du taux marginal de taxation effectif à la retraite (ou futur) engendre une augmentation de la part investie dans le REER par ceux qui en possèdent quand les variables de contrôle sont utilisées, ce qui est contraire à ce que la théorie aurait prédit. Nos résultats indiquent que les ménages ne profitent pas effectivement de tous les avantages offerts par ces produits. Un niveau élevé de littératie financière peut aider les individus à faire de meilleurs choix de produits financiers (CELI versus REER) qui peuvent engendrer des différences importantes dans l’accumulation de la richesse au cours du cycle de vie. Car si ces individus peuvent obtenir des taux de rendement plus élevés au cours du cycle de vie, ils peuvent également tirer un meilleur profit du système de taxation. Et ces différences peuvent aider à expliquer une partie des inégalités de richesse observées à la retraite. Le troisième article de la thèse étudie la façon dont l’éducation influe sur la consommation et l’épargne au cours du cycle de vie. Il vise à distinguer les mécanismes à travers lesquels l’éducation influe sur la consommation en estimant les préférences pour l’épargne par groupe d’éducation en tenant compte des différences dans les niveaux de revenu et d’incertitude sur le revenu, les différences de longévité et les différences démographiques. Nous estimons les préférences par groupe d’éducation en utilisant la méthode des moments simulés appliquée aux données canadiennes et nous faisons quelques simulations pour identifier l’importance de chacun de ces facteurs sur le profil de consommation et d’épargne au cours du cycle de vie. Nos résultats montrent que les non-diplômés du secondaire sont les plus patients et les moins averses au risque. Les universitaires sont moins patients mais plus averses au risque. Ces résultats sont très différents de ceux de Gourinchas & Parker (2002) obtenus sur des données américaines. Notre modèle réplique très bien les tendances observées dans les données canadiennes. Nos simulations montrent que lorsque nous donnons aux non-diplômés du secondaire et aux universitaires les mêmes préférences que les diplômés du secondaire, ce qui signifie une diminution de 1.4 point de pourcentage pour le facteur d’escompte et une augmentation de 30% pour le coefficient d’aversion au risque, la consommation a diminué de 3.3% pour les non-diplômés du secondaire au cours du cycle de vie. Pour les diplômés d’université, notre scénario conduit à une augmentation de 0.3 point de pourcentage pour le facteur d’escompte et une diminution de 5% pour le coefficient d’aversion au risque, la consommation a alors diminué de 1.5%. Une augmentation de l’échelle d’équivalence génère une augmentation de la consommation tandis qu’une diminution provoque l’effet inverse. En effet, la consommation d’un ménage augmente pour chaque personne additionnelle; mais, en raison des économies d’échelle dans la consommation, elle n’augmente pas de façon proportionnelle. Une diminution du risque de mortalité chez les non-diplômés du secondaire et une augmentation du risque de mortalité pour les diplômés d’université génèrent une augmentation de la consommation optimale pour les non-diplômés du secondaire et les universitaires ont diminué leur consommation. Les universitaires réduisent leur consommation quand le risque de mortalité augmente comme l’a démontré Yaari (1965). Comme prévu, une augmentation du niveau de revenu augmente la consommation alors qu’une diminution se traduit par une réduction de la consommation au cours du cycle de vie. Des quatre facteurs que nous avons examinés dans cet article, lorsque nous donnons aux non-diplômés du secondaire et aux universitaires les mêmes préférences que les diplômés du secondaire, on obtient une augmentation de 95% pour le ratio richesse des universitaires sur celle des non-diplômés du secondaire. Ce ratio est la métrique que nous utilisons pour répondre aux questions posées dans l’article. La composition du ménage génère seulement 2% de variation du ratio, le différentiel de mortalité aboutit à une diminution de 41% et le niveau de revenu conduit à une réduction du ratio de 55%. Cela signifie que, dans notre modèle, les différences dans les préférences des ménages sont les plus importantes pour expliquer les inégalités de richesse à travers les groupes d’éducation à l’âge de 65 ans observées dans les données canadiennes. En valeur absolue, le niveau de revenu vient ensuite, juste avant le différentiel de mortalité tandis que la composition du ménage demeure le facteur le moins important. Nous évaluons également l’impact d’une éventuelle augmentation de la générosité du régime de retraite publique, plus particulièrement le taux de remplacement du revenu à la retraite, sur la consommation et l’épargne au cours du cycle de vie. Par exemple, une augmentation de 1% du taux de remplacement réduit la richesse à l’âge de 65 ans de 2.6% pour les diplômés et les non-diplômés du secondaire et de 1.3% pour les universitaires. Cela représente un effet substantiel qui s’explique par le fait que nous avons décidé d’augmenter la générosité du régime de pension publique sans ajuster les contributions d’une manière actuariellement équitable. Ce scénario conduit à un effet de revenu car non seulement la trajectoire du revenu est modifiée mais aussi la rente viagère. Donc, la consommation augmente pour deux raisons : un effet intertemporel et un effet de revenu viager. Comme nous n’ajustons pas les contributions, notre scénario est semblable à une augmentation soudaine de la générosité pour une cohorte donnée. L’augmentation de la générosité des programmes de retraite publique conduit alors à un effet d’éviction de l’épargne privée pour la retraite comme le soutient Feldstein (1974). Les plus éduqués sont moins sensibles aux variations du taux de remplacement, ce qui est probablement dû au fait qu’ils ont un revenu plus élevé et bénéficient moins du système de retraite publique.
Details
Type | PhD dissertation |
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Author | Thomas Lalime |
Publication Year | 2017 |
Title | Essais sur l’épargne et la littératie financière des ménages au Canada |
City | Montréal, QC |
Department | Département des sciences économiques |
University | Université du Québec à Montréal (UQAM) |
Publication Language | French |
- Thomas Lalime
- Essais sur l’épargne et la littératie financière des ménages au Canada
- Thomas Lalime
- Université du Québec à Montréal (UQAM)
- 2017