L’intégration économique des immigrants originaires des pays en voie de développement au Canada: trois nouveaux angles d’analyse
Auteurs: Said A. Aboubacar
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Résumé (français)
Cette étude examine le niveau d’intégration économique des immigrants originaires des pays en voie de développement au Canada sous trois angles différents. L’analyse permet de mieux comprendre certains aspects importants de l’intégration économique qui sont restés inexplorés ou explorés de manière succincte dans les études antérieures. Pour comprendre le contexte entourant la problématique étudiée, le premier chapitre fait un tour d’horizon de la politique d’immigration au Canada au cours du 20e siècle. Nous mettons un accent particulier sur les implications sociodémographiques et économiques de l’immigration et sur les défis auxquels le Canada doit faire face dans le futur. Le deuxième chapitre présente le cadre théorique utilisé. Développé par Kazemipur et Halli, ce cadre est en effet une synthèse des théories généralement utilisées dans l’analyse de l’intégration des immigrants. Il est fondé sur l’utilisation de variables issues de quatre théories différentes, à savoir la théorie de l’assimilation, la théorie du capital humain, la théorie de l’environnement économique et la théorie de la discrimination. Nous décrivons chacune de ces théories et complétons ce cadre avec la théorie de la segmentation du marché du travail. Le troisième chapitre aide à mieux comprendre le comportement des immigrants une fois dans une situation de non-emploi. Pour cela, nous effectuons trois types d’analyse : la première sur la fréquence des épisodes de non-emploi (ou stabilité d’emploi), la seconde sur la durée du temps passé dans un épisode de non-emploi et la troisième sur les facteurs agissant sur la propension de sortir d’un épisode de non-emploi. Nous utilisons les données de deux panels de l’Enquête sur la Dynamique du Travail et du Revenu couvrant deux périodes successives, 1996 à 2002 et 2002 à 2006. Ces périodes se distinguent l’une de l’autre par la situation du marché de l’emploi marquée par un taux de chômage très élevé dans la première, et historiquement très bas dans la seconde. Les résultats confirment qu’il existe des différences importantes entre immigrants originaires des pays développés et immigrants originaires des pays en voie de développement dans leurs processus d’insertion dans le marché de l’emploi, ainsi que dans leur comportement en tant que sans-emplois. En particulier, chez les immigrants originaires des pays en voie de développement, on note d’abord une durée moyenne de non-emploi plus longue qui les incite à minimiser le risque de se trouver en situation de chômage. D’autre part, la comparaison des effets des différents facteurs déterminant le risque de sortir d’un épisode de non-emploi démontre que le groupe des immigrants originaires des pays en voie de développement se distingue du groupe des immigrants originaires des pays développés et des Canadiens de naissance au niveau des effets des variables du capital humain. Le quatrième chapitre analyse l’intégration économique sous le deuxième angle. Nous mesurons le rôle des caractéristiques individuelles et celui des facteurs non observés sur l’écart du niveau de vie entre les immigrants originaires des pays en voie de développement et les Canadiens de naissance. Ainsi, nous utilisons la méthode de décomposition des moyennes d’Oaxaca-Blinder pour déterminer le rôle de chacun de ces deux types de facteurs. À l’aide des données de l’Enquête sur la Dynamique du Travail (EDTR), l’analyse a permis de constater que les différences entre les deux groupes sur les caractéristiques individuelles n’expliquent qu’une partie très restreinte de l’écart du niveau de vie et que les différences sur le rendement des caractéristiques sont en grande partie responsables de l’écart. De plus, l’analyse de la décomposition détaillée des effets suggère que la mise sur pieds de mesures institutionnelles additionnelles, visant notamment une reconnaissance accrue de l’éducation et l’expérience du travail acquises avant l’immigration, contribuerait significativement à réduire le fossé économique entre ménages de Canadiens de naissance et ménages d’immigrants. Plus particulièrement, la partie non-expliquée de l’écart pourrait être potentiellement réduite de 64,2 % rien qu’en éliminant l’effet non-expliqué associé aux variables du capital humain sur la base desquelles la sélection des immigrants est effectuée. Le cinquième chapitre tente de répondre à trois questions relatives à l’interaction entre pauvreté, inégalité et intégration des immigrants originaires des pays en voie de développement. Premièrement, en comparaison avec le niveau de pauvreté observé chez les Canadiens de naissance, la progression du niveau de pauvreté chez ce groupe d’immigrants entre 1996 et 2006 a-t-elle positivement ou négativement affecté leur intégration économique ? Deuxièmement, la croissance du revenu durant cette période a-t-elle favorisé beaucoup plus les pauvres ou les riches, et quel a été l’impact sur la distribution du revenu et sur l’intégration économique du groupe ? Troisièmement, la progression de la pauvreté durant cette période est-elle attribuable au changement des caractéristiques des immigrants, ou au type de croissance économique observé durant la période ? Les analyses ont été effectuées à l’aide des données transversales de l’Enquête sur la Dynamique du Travail et du Revenu. Les résultats démontrent que, bien qu’elle ait reculé entre 1996 et 2006, l’incidence de pauvreté est demeurée à un niveau très élevé chez les immigrants originaires des pays en voie de développement. L’interprétation des courbes << Growth Incidence Curve >> a révélé aussi que la croissance observée entre 1996 et 2006 est une croissance << pro-rich >> qui tend à augmenter l’écart entre riches et pauvres. Ceci est particulièrement vrai pour les immigrants chez qui les plus riches ont connu des taux de croissance de revenu particulièrement élevés. Par ailleurs, la décomposition des effets des variables indépendantes a permis d’attribuer 42,7 % de la croissance du revenu à l’effet principal (ou au changement des caractéristiques des immigrants originaires des pays en voie de développement) et le reste, 57,3 %, à l’effet temporel (ou au changement de la rentabilité des caractéristiques individuelles). Nous concluons donc que le changement des caractéristiques des immigrants joue un rôle très important sur la progression de la pauvreté chez les immigrants originaires des pays en voie de développement. L’étude permet de comprendre l’impact des changements survenus sur l’origine des immigrants sur leur intégration économique au Canada. Elle permet également de montrer que toute nouvelle politique d’immigration et d’intégration doit se centrer sur la réduction des écarts entre immigrants et natifs. Tout particulièrement, la sélection de nouveaux candidats doit favoriser ceux dont le domaine professionnel favorise la réduction des écarts. Pour ceux qui sont déjà dans le pays, l’étude soutient le transfert professionnel, en particulier d’un domaine à grand écart vers un domaine plus économiquement égalitaire.
Résumé (anglais)
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Détails
Type | Thèse de doctorat |
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Auteur | Said A. Aboubacar |
Année de pulication | 2011 |
Titre | L’intégration économique des immigrants originaires des pays en voie de développement au Canada: trois nouveaux angles d’analyse |
Ville | Montréal, QC |
Département | Urbanisation, Culture, Société |
Université | INRS |
Langue de publication | Français |
- Said A. Aboubacar
- L’intégration économique des immigrants originaires des pays en voie de développement au Canada: trois nouveaux angles d’analyse
- Said A. Aboubacar
- INRS
- 2011